L’art, un état sublimatoire ?

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Saint Anne, la Vierge et l’enfant Jésus, vu par Vinci …

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… et vu par Freud

Tout ou presque, chez Freud, provient des désirs de l’enfance dont on ne sort jamais tout à fait ; or il y a selon le psychanalyste 3 formes de régressions possibles à des désirs infantiles :

1) la perversion : les tendances infantiles sont satisfaites sans intervention de la censure ; ainsi l’homosexualité ou le fétichisme ne sont qu’une manière détournée de trouver du plaisir et de retourner à l’une des trois phases de la sexualité infantile (orale, annale ou génitale) qui font de l’enfant un « pervers polymorphe » prenant son plaisir dans tout ce qu’il trouve  ; il n’y a pas là de jugement moral dans la définition freudienne de la perversion, qui est à prendre au sens étymologique de « per-versio »= par-tourner = détourner de son usage initial, tourner vers autre chose, passer par d’autres voies … a ne pas confondre avec la perversité. Cf le Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche* et Pontalis (*ancien élève de Sartre qui lui proposa sans succès, de le psychanalyser… dommage !) très explicite à ce sujet : On dit qu’il y a perversion quand l’orgasme est obtenu avec d’autres objets sexuels ou par d’autres zones corporelles ou quand l’orgasme est subordonné de façon impérieuse à certaines conditions extrinsèques.

2) la névrose : le désir est refoulé et remplacé par des symptômes névrotiques ; la névrose ne trouble qu’un secteur du comportement humain sans affecter sa capacité de raisonner et de réfléchir ; elle est l’expression symbolique d’un conflit psychique trouvant ses racines dans l’histoire infantile du sujet et trouvant des compromis entre le désir et la défense, comme un retour du réfoulé qui se venge et réapparaît sous forme de troubles. C’est ainsi que la névrose d’échec révèle un mécanisme d’autopunition où l’on devient l’artisan de son propre maheur car le sujet se refuse à lui-même la satisfaction d’une réussite ; la névrose phobique substitue à l’objet de désir refoulé un objet ou une situation provoquant une peur démesurée, sur lequel elle se cristallise ; la névrose d’abandon substitue à la fusion perdue de l’enfant avec la mère (par fausse présence ou refus d’amour) le désir illimité de sécurité affective et l’angoisse d’être abandonné, nourrissant de reproches le vide qu’elle a lui-même creusé.

3) la sublimation : les désirs ne sont ni satisfaits ni refoulés mais déplacés quant à leur but ; on investit ailleurs et à un autre niveau l’énergie libidinale ; les tendances sexuelles sont réorientées vers des buts socialement supérieurs, qui ne sont pas purement sexuels, dont l’art, le pouvoir, la recherche etc. Ainsi « L’inspiration, c’est l’opacité du désir dans l’illusion de la transparence » remarque Comte Sponville (Traité du désespoir et de la béatitudeLes labyrinthes de l’art) . L’œuvre d’art serait donc comme une ruse du désir qui nous protège des agressions externes et des angoisses internes, que l’on se situe du côté spectateur ou du côté artiste : ainsi « l’œuvre d’art me rend mon enfance par le rêve d’un autre ». L’artiste prolonge son enfance à travers le jeu de la création : il fait comme si un autre monde pouvait exister (ce qui ne veut pas dire que tout enfant est un artiste mais que tout artiste est un grand qui joue à faire l’enfant) : « L’artiste, c’est celui qui ne trahit rien de son enfance, même pas la volonté d’en sortir » car il persiste à vouloir devenir grand tout en modifiant le monde à son image. C’est pourquoi l’art trouve sa force et sa perpétuation, là où l’homme trouve généralement sa faiblesse : dans l’insatisfaction d’un désir impossible à satisfaire.

Lire : L’interprétation par Freud du cas Léonard de Vinci, dans Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, notamment la relation entre le rêve/ le souvenir (?) qu’il eut enfant et qui se serait symboliquement glissé dans le tableau ci-dessus sous la forme d’un vautour touchant sa bouche de sa queue (le manteau bleu de la vierge), et son homosexualité latente … La seule indication que Vinci ait jamais donnée sur son enfance dans ses écrits scientifiques est en effet la suivante :

Il semble qu’il m’était déjà assigné auparavant de m’intéresser aussi fondamentalement au vautour, car il me vient à l’esprit comme tout premier souvenir qu’étant encore au berceau, un vautour est descendu jusqu’à moi, m’a ouvert la bouche de sa queue et, à plusieurs reprises, a heurté mes lèvres de cette même queue.

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