Entropie ou anthropie ?
Le « bazar », est-ce tout et n’importe quoi ou bien une forme d’ordre dans le désordre ?
Dans « La Physique pour les nulles », les auteurs disent que, dans un système isolé, le désordre va en augmentant, et que si nous voulons y mettre un peu d’ordre (comme par exemple parmi ces dossiers sur ce bureau devant moi), il faut intervenir de l’extérieur et fournir un peu d’énergie. C’est peut-être pour cela que certaines personnes ressentent l’étrange besoin d’écrire et écrire encore, sous quelques formes que ce soit (poésie, littérature, philosophie, lettres, mails, sms …), l’écriture étant un moyen privilégié semble-t-il de fixer les choses et d’ordonner le réel en lui conférant un sens…
Au demeurant, il y a dans cette « loi du désordre » une contradiction qui semble insoluble (mais peut-être n’aurais-je pas dû, passant directement de la physique antique à la physique quantique, sauter les autres chapitres…). Car si c’est une vraie loi, établissant un rapport nécessaire et cohérent entre les phénomènes, alors ce n’est pas un vrai désordre (seulement un jeu des apparences, un désordre fabriqué pour donner l’illusion du chaos, pour le plaisir de casser ses jouets et de dessiner en creux le paradis de l’ordre perdu) ; ou, si c’est un véritable bazar, alors ce n’est plus une vraie loi (juste une explication qu’on s’invente pour donner du sens à l’incompréhensible et produire un soulagement temporaire) … On pourrait donc y voir plus un caractère anthropique qu’une loi entropique (le « destin des physiciens » d’Epicure rejoignant ici la « compulsion de répétition » de Sigmund ?)…
Mais il est vrai qu’il y a deux présupposés dans ce raisonnement qui mériteraient aussi d’être questionnés : celui selon lequel l’ordre serait par essence meilleur que le désordre (à quoi bon chercher l’ordre plutôt que le désordre si le désordre est dans l’ordre des choses ?) ; et celui selon lequel il n’y aurait que deux solutions, ou bien l’ordre, ou bien le désordre, nous obligeant, camarades de l’impossible, à choisir un camp contre l’autre (le réel n’est-il pas un équilibre des deux) …?!
Revoir « L’homme qui chavire » de Giacometti :