A quoi sert le design ?

A quoi sert le design ? citron

Le but du design est de concilier le beau et l’utile : c’est pourquoi il relève des arts appliqués (à comparer avec les sciences appliquées) ; d’une discipline gratuite et désintéressée, qui consiste à créer pour créer, on passe à une discipline qui doit s’adapter à la réalité matérielle et à une fonction utilitaire (créer pour servir) ; l’objet doit donc répondre à une double exigence d’action et de contemplation, pourvoir à la fois être agréable à utiliser et à regarder. Etymologie= « dess(e)in »= but, projet, objectif= désigne un ouvrage d’art jusqu’au 17ème, puis l’extension aux objets utilitaires de le la conception décorative (en France dès 1965)= esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles adaptées à leur fonction. Alors que la culture bourgeoise moderne opposait le monde des arts (le mou) et le monde des machines (le dur), le designer a investi la brèche et jeté un pont entre les 2 dès la fin du 19ème

1er but= LA PRACTICITE= Rendre les objets usuels plus pratiques d’où la distinction entre le simplement utile et le pratique= est utile le moyen adapté à l’homme qui permet de réaliser quelque chose d’autre/ est pratique ce qui n’empêche pas, voire facilite la réalisation de l’utile, donc la progression de l’homme= c’est un obstacle aux obstacles jetés sur notre chemin par un monde moyens, une élimination des embouteillages d’objets que l’on trouve jetés devant soi. La question du designer est donc toujours : quelle forme donner à ces objets pour qu’ils n’empêchent pas le mouvement et le maîtrise de l’homme ? Beaucoup d’objets ont été fabriqués sans qu’on pense à cet aspect pratique : on s’est focalisé sur l’obtention d’un résultat utile ; ainsi des objets utiles peuvent être impratiques ou envahissants. Il s’agit donc de se recentrer sur l’objet lui-même dans sa forme, en tant qu’elle se rapporte à l’homme (le faire), sans pour autant négliger la finalité extérieure (le résultat). Ex : l’objet le plus stupide pour Flusser serait le parapluie car il ne s’ouvre jamais en cas d’urgence et peut devenir une arme dangereuse ; aucun progrès n’a été effectué depuis l’Egypte car on pense plus à la protection et à la pesanteur (fonction) qu’au maniement par l’homme, donc à l’apesanteur et à l’adaptation au vent (décrochage, envol). Ce n’est qu’un mur de vent tendu sur un bâton.

2ème but= L’OPTIMISATION DE LA FORME= Il ne s’agit pas seulement de détourner le regard de l’utile vers le beau par de l’ornementation ou du camouflage (styling) ; il ne suffit pas d’habiller une machine à coudre ou un frigo pour qu’il devienne design ;  l’intention de départ n’est pas tant de cacher l’utile avec du beau, de rendre l’utile invisible, ce qui serait pour Baudrillard une « solution fausse au mode contradictoire sur lequel est vécu l’objet » ; on est en effet passé d’une période où le monde technique s’affiche de façon obscène à un  monde de pudeur qui cherche à voiler la face utilitaire des choses. Le design essaye de dépasser cette contradiction en poussant la fonctionnalité de la forme (moyen d’une fonction future / cause finale) au point de la rendre belle= ce n’est pas de la négation de l’utilité, mais au contraire de son optimisation que peut naître la beauté, càd les qualités formelles et esthétiques. On peut aller jusqu’à une naturalisation de la forme, pour faire croire à un retour à la nature, pour mettre en confiance  (le summum du design pour M. Tournier serait la coquille d’oeuf); l’objet en devenant design se charge de chaleur, de sincérité, donc de valeurs morales et psychologiques qui dépassent le domaine esthétique ; il reçoit une connotation formelle (ex : la forme des voitures véhiculent des valeurs inconscientes= miracle du déplacement sans effort, plaisir de la vitesse, sentiment de liberté, intimité d’un chez soi loin de chez soi, que l’on retrouve entre autres dans les ailes de voiture : « l’aile de voiture devient le signe de la victoire sur l’espace »). Le beau en ce sens n’est pas l’antithèse de l’utile, mais son accomplissement ultime : non greffer de l’inutile sur de l’utile mais faire que le plus utile soit aussi le plus beau ; c’est par le fonctionnelle que la technique communique avec l’esthétique. CF  Platon : un objet doit en effet répondre à 3 critères pour être beau : l’harmonie de la partie avec le tout, une juste mesure, une juste proportion qui témoigne d’un ordre intellectuel/ un plaisir absolu et non pas relatif à une souffrance antérieure, à la cessation relative d’une peine / la conformité à une fin, une fonction : la beauté doit être bonne à quelque chose, elle doit permettre la saisie intellectuelle du rapport forme/fonction ou moyen/fin, d’une convenance fonctionnelle, la forme optimale s’adaptant à une fin ; dès lors l’objet offre une double finalité, interne (perfection) et externe (utilité). Paradoxalement, le design qui se trouve au carrefour du beau et de l’utile confirme le divorce entre le sensible et l’intelligible par un mouvement qui nous dégage des sens et nous élève vers une compréhension intellectuelle plus haute du monde et du Bien. CF Simondon p 42-43

3ème but : DEMOCRATISER L’ACCES à L’ART = en s’appuyant sur l’industrialisation et la production de masse, le design permet l’accès du plus grand nombre à la forme la plus fonctionnelle ; l’esthétique peut devenir industrielle seulement quand il s’agit de produire des formes utiles et quand les machines remplacent avantageusement le geste humain en le précisant ; dans le même temps que l’industrie s’esthétise, l’art contemporain se démocratise et s’introduit dans le quotidien ou les objets usuels : le ready made sera ce détournement ultime de l’objet utilitaire, qui est alors pensé et admiré pour lui-même, au cœur d’une installation, mais cela confirme son inutilité car il devient une œuvre d’art en cessant d’être utilisable (ex la fontaine de Duchamp) ; c’est donc plutôt le design qui prépare le terrain du ready made en osant coupler le beau à l’utile.Et c’est peut^être aussi pour cela que, le beau ayant émigré dans l’art industriel, s’est éloigné du champ de l’art, auquel il ne reste que la recherche du sens. Ex : un style en plastique sans d’autre valeur que sa forme coûte si peu cher qu’il peut être jeté ou distribué gratuitement. D’où le dilemme permanent du designer qui doit toute de même répondre aux normes collectives de l’utilitaire quelle que soit la cause ou la personne qu’il sert, accepter une logique de production industrielle : pour Fluss cela reste un comploteur perfide qui tend des pièges : la moralité du designer est en question car peut-on être bon en soi tout en étant bon à quelque chose ? La bonté pure n’est bonne à rien et la bonté utile n’a pas d’intention pure donc : « Qui a décidé de devenir designer s’est décidé contre la bonté pure ». (Petite philosophie du design).

Pour s’en convaincre, on peut aussi aller visiter le Musée Vitra près de Bâle :

http://www.vitra.com/fr-be/collage/vitra-design-museum/

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