Sartre et les femmes picturales

 

Sartre et les femmes picturales sartrebeau

 

Dans les tableaux de notables décrits lors de la visite du musée de Bouville, dans « La Nausée », peu de femmes représentées, dans la mesure où leur sainteté consiste à rester dans l’ombre de leurs maris : « elles ont élevé de beaux enfants, leur ont appris leurs devoirs et leurs droits, la religion, le respect des traditions qui ont fait la France ». Pas de couleurs vives, mais beaucoup de bruns sombres ou de noir, « par souci de décence », la seule blancheur qui ressorte étant celle des cheveux blancs ou des faux cols. Pas de doute non plus quant à la nature des devoirs à accomplir : « Les magnifiques yeux gris ! Jamais le moindre doute ne les avait traversés. Jamais non plus Pacôme ne s’était trompé. Il avait toujours fait son devoir, son devoir de fils, d’époux, de père, de chef ». Rien ne doit dépasser du cadre de la loi : et c’est ici le cadre du tableau qui sert à fixer les limites et à ériger la leçon de morale en catéchisme.

Sartre-Roquentin abusera, il est vrai, de l’ironie par antithèse (affirmant pour nier et niant pour affirmer), simulant ainsi l’emprise doxique : par exemple, Jean Parrotin, sur son lit de mort, s’adresse ainsi à sa femme : « Toi Thérèse je ne te remercie pas ; tu n’as fait que ton devoir », et Roquentin ne peut s’empêcher d’ajouter : « Quand un homme en arrive là, il faut lui tirer son chapeau ».

De même, à propos de l’épouse du Tintoret, Sartre commente : « Cette bonne pondeuse n’a qu’un défaut : elle force un peu sur les filles. Tant pis ! il les mettra toutes au couvent, sauf deux », SQV p. 315. D’ailleurs, avec « Le Massacre des Innocents », une panique de femmes se transforme en « grouillement : crapauds et crapaudière ».

 Quant à Sainte Agnès, une autre miraculée, elle a surtout le mérite de faire faire des économies au peintre puisque chez elle « Sainte et miraculée ne font qu’un », et, de ce fait, « on lui reconnaît le droit de posséder en propre un groupe électrogène  ». L’ironie est mordante, quasi voltairienne : « Marc et Superman, s’ils veulent écraser l’infâme, qu’ils tombent, ils n’écraseront pas sans tomber ». Tant et si bien qu’on ne sait plus si elle vise à dénoncer l’esprit d’une époque ou à conforter celui du critique, qu’il s’agisse des femmes : « Mère de Dieu, Marie, n’est encore qu’une femme : la lente transformation qui fera d’elle l’objet sacré du culte marial, c’est bien longtemps après sa mort qu’elle commence. Pour une femme on convoque les anges : cela va de soi. Nulle créature de notre espèce n’atteindra l’Empyrée par ses propres moyens ». Ou des homosexuels : « je recommande tout particulièrement l’étude pour « L’Enfant prodigue », elle fera marrer : deux colosses chauves minaudent, ce sont deux tantes ; l’une se penche, offre ses services, l’autre s’effarouche et se tortille, un doigt sur les lèvres : je ne suis pas de celle que vous croyez ! ». No comment …

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