E comme exister
Egalité / Identité / Différence = Rapport d’équivalence qualitative entre deux choses différentes ( a= b) / rapport d’équivalence entre des choses qu’on ne peut différencier (ex : principe d’identité a=a) / rapport de distinction entre deux choses. Il est possible d’affirmer une égalité arithmétique entre des individus différents ; l’égalité admet donc les différences (a=b mais a≠b) ; par ex les citoyens possèdent les mêmes droits et les mêmes devoirs, ce qui permet une identité de traitement même si les individus ne sont pas assimilés à des êtres identiques (a=a). De la même manière, l’échange économique permet de partager des biens différents possédant une égale valeur (1 daim= 2 castors). Ainsi, tout ce qui est égal n’est pas identique, même si tout ce qui est identique est égal. Et tout ce qui est différent n’est pas nécessairement inégal même si l’inégalité implique une différence.
En fait / en droit = En fait renvoie à ce qui est, ce qui existe dans la réalité, en droit renvoie à ce qui devrait être selon une norme servant de référence (de facto# de juri) ; cela revient à opposer ce qui est à ce qui doit être ; les faits sont toujours variés, particuliers, contingents, tandis que le droit a souvent un caractère nécessaire et universel (soit à l’intérieur de l’état s’il s’agit du droit juridique, soit par rapport à l’humanité pour ce qui est du droit moral). Il convient toujours d’analyser une situation (telle qu’elle est) à partir d’une norme permettant de penser la valeur de ce fait (ce qu’elle devrait être), Si l’on restait à l’horizontalité des faits, sans cette verticalisation du droit moral, aucune exigence ni élévation morale ne serait possible. Mais le droit peut s’appliquer à des situations particulières lorsqu’il prend la forme de lois positives propres à un état ou une société. On peut parler du fait de la loi lorsqu’il s’agit uniquement du droit positif, de la stricte légalité (la loi telle qu’elle est dans tel Etat). Souvent les dialogues de sourd viennent de cela que certains se situent au niveau des faits (c’est comme ça!), et les autres au niveau du droit moral (mais ça ne devrait pas être comme ça), faisant passer les autres tantôt pour des idéalistes, tantôt pour des cyniques Ref : Rousseau : « L’homme est né libre [en droit] et partout il est dans les fers [de fait]« .
En théorie / en pratique = (theoria = contemplation # praxis = action) ce qui est valable du point de vue de la pensée / ce qui peut être réalisé ou vérifié dans l’expérience. La connaissance pure et désintéressée s’oppose traditionnellement à l’action visant quelque chose d’utile ; c’est ainsi qu’on dévalorise la théorie comme impuissante (cf l’image de Thalès tombant dans un puits à force de contempler le ciel) par comparaison avec l’efficacité de la pratique ; parfois la mise en pratique d’une théorie abstraite peut se révéler désastreuse puisqu’elle s’impose sans tenir compte de la réalité concrète ou des moyens d’y parvenir (ex : les utopies et leurs dérives totalitaires cf http://sartreetlapeinture.unblog.fr/sav-de-la-philo/quest-ce-quune-utopie/). Néanmoins les théories scientifiques (ensemble de lois qui font système entre elles et proposent un modèle cohérent de représentation du réel ; ex : théorie de la gravitation universelle ) permettent de produire des lois (loi de la pesanteur) qui expliquent, rendent intelligibles les phénomènes, et que l’expérimentation confirme.
Essentiel / Accidentel = renvoie à l’être, donc à la nature profonde d’une chose, à ses qualités fondamentales qui font qu’elle est ce qu’elle est, sa substance ( sub-stare lat = ce qui se tient dessous, ce qui demeure identique au-delà des changements) / renvoie à ce qui n’est pas propre à une chose, qualité contingente qu’elle peut ne pas avoir sans être modifiée dans sa nature. Ex : il est essentiel à Socrate d’être n homme, il est accidentel qu’il soit chauve ou pas. Ref : dans l’expérience du morceau de cire de Descartes (MM II & 9) les qualités premières sont essentielles car sans elles la cire ne serait pas ce qu’elle est, tandis que les qualités secondes (couleur, température etc) sont accidentelles.
Expliquer = (ex-plicare lat = déplier, rendre visible ce qui et caché) rendre intelligible en dégageant les causes ou les raisons d’un phénomène ; on explique un fait naturel (sciences de la nature), on comprend un fait humain (sciences humaines). ≠ comprendre. cf analyse # synthèse
Etre = ce qui est ; Parménide, philosophe présocratique fondateur de l’ontologie (science de l’être), oppose l’être comme ce qui est au non-être comme ce qui n’est pas. Mais l’être s’oppose aussi au devenir (ce qui reste le même s’opposant à ce qui change) et au paraître (ce qui est en soi s’opposant à ce qui semble être pour nous). L’être constitue comme la dernière catégorie logique au-delà de laquelle la pensée ne peut pas remonter dans la série des causes car il ne saurait se décomposer en autre chose que lui-même, d’où le caractère redondant de sa définition. L’être ne peut se définir que par lui-même alors que toute autre chose le présuppose.
Empirisme = mouvement philosophique apparu au début du XVIIIème siècle, selon lequel l’expérience est à la fois l’origine et le fondement de toutes nos connaissances. Il repose sur 3 principes : il n’y a pas d’idées innées ; toutes nos croyance et savoirs reposent sur le raisonnement par induction et l’habitude de l’expérience répétée sur elle-même ; la science doit se fonder sur la stricte observation de la nature.
Etonnement = (lat extonare = frappé par la foudre, de stupeur) capacité à questionner le sens des choses et des concepts qui ne paraissaient évidents et qui perdent ainsi leur familiarité ; on ne reconnaît plus son monde. Première étape de l’attitude philosophique. Ref : « c’est l’étonnement qui poussa les premiers penseurs aux spéculations philosophiques » Aristote.
En soi / Pour soi = Ce sont deux manières d’êtres opposées. Ce qui est en soi se contente d’être ce qu’il est, aveugle et pleine coïncidence avec soi-même comme un bloc de ciment ou un animal ; ce qui est pour soi au contraire est un être qui désire devenir être autre chose que ce qu’il est, comme l’homme. Cf Etant / Existant chez Heidegger et Sartre Cf http://sartreetlapeinture.unblog.fr/sartrologie/trois-fois-rien-ou-comment-3×0-1/
Entendement = raison logique, capacité de concevoir et de raisonner pour distinguer le vrai du faux.
Erreur = (errare = errer lat) affirmation fausse liée à une ignorance simple, involontaire et corrigible, à une lacune temporaire de la connaissance ; s’accompagne d’une acceptation du vrai quand il se manifeste, contrairement à la doxa ou à l’illusion de savoir. Ref : Chez Descartes, l’erreur provient d’un mauvais usage de la volonté qui grille la priorité à l’entendement et se précipite pour affirmer quelque chose sans l’avoir vérifié. pour l’éviter : » la lumière naturelle nous enseigne que la connaissance de l’entendement doit toujours précéder la détermination de la volonté » (MM).
Eudémonisme = (gr eudemonia bonheur) doctrine selon laquelle le bonheur doit être la fin suprême de toutes les actions humaines, ce qui revient à assimiler le Bonheur au Bien moral. Cf Epicurisme http://sartreetlapeinture.unblog.fr/sav-de-la-philo/des-epicuriens-dathenes-aux-epicuristes-de-royat/
Evidence = (ex-video lat) ce qui saute aux yeux, ce qui s’impose comme vrai de manière auto-suffisante, sans besoin de preuves supplémentaires.
Exister / existence = exister c’est prendre conscience de sa vie pour tenter de lui donner un sens ; c’est et autre chose que vivre seulement càd subvenir à ses besoins par instinct ou par habitude ; ainsi il en suffit pas de vivre pour exister même si exister présuppose de vivre et de s’être libéré du fardeau biologique des besoins. L’homme subit sa vie, mais il choisit d’exister. Cf : http://sartreetlapeinture.unblog.fr/sav-de-la-philo/la-double-vie-du-concept-de-vie/
ou : http://sartreetlapeinture.unblog.fr/sartrologie/etre-en-soi-ou-exister-pour-soi-il-faut-choisir/
Existentialisme = mouvement philosophique de l’après-guerre qui souligne la contingence du monde et de l’existence humaine, ainsi que la responsabilité qui incombe à l’homme de lui trouver un .sens ; « l’homme est condamné à être libre : condamné parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait » Ref « L’existentialisme est un humanisme », conférence donnée par Sartre en 1945 pour répondre aux critiques.
Expérience / Expérimentation = (experire lat = éprouver) ensemble des données sensibles que nous éprouvons au contact du réel, l’expérience est spontanée, involontaire, naturelle, contingente et singulière (la pomme tombant sur la tête de Newton) / ensemble de faits concrets provoqués volontairement pour confirmer ou infirmer une hypothèse, l’expérimentation respecte un protocole contraignant, reproductible indéfiniment, afin d’établir des constantes phénoménales et d’établir des lois scientifiques (tube de Newton où il fait le vide et observe la chute d’une plume et d’une bille de plomb). Dans l’expérience nous sommes passifs car ce sont les choses qui agissent sur nous, dans l’expérimentation nous sommes actifs car c’est nous qui agissons sur les choses pour les faire parler. Alain : « expérimenter, c’est changer la chose pour voir ce qui résultera de ce changement ».
Education = (ex-ducere lat = conduire hors de, élevage) mouvement ou méthode permettant de conduire un être humain de la nature à la culture, de l’ignorance au savoir, de l’opinion au travail de la raison, pour former et développer son humanité. Ref : Dans Emile ou De l’éducation, Rousseau choisit le Robinson Crusoe de Daniel Defoe comme livre d’apprentissage : « Le plus sûr moyen de s’élever au-dessus des préjugés et d’ordonner ses jugements sur les vrais rapports des choses est de se mettre à la place d’un homme isolé et de juger de tout comme cet homme en doit juger lui-même, eu égard à sa propre utilité » ; « c’est le vrai château en Espagne de cet heureux âge, où l’on ne connaît d’autre bonheur que le nécessaire et la liberté ».