Une main qui dépasse
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Le corps de chair sartrien (inversant le Leibkörper husserlien) est l’ombre portée du corps existé, ce qui nous déborde, ce qui dépasse du cadre de la conscience, comme la jeune fille de « Saint Georges et le dragon » qui, dans sa course effrénée, prête à s’écraser « contre la vitre-frontière », laisse sa main sortir du cadre. Le débordement de la chair de la toile hors du cadre du tableau semble donc être pour Sartre la condition sine qua non d’un soulèvement du sens. Pour que nous puissions entrer dans la matière analogique picturale et qu’ainsi puissent concorder ensemble tous les corps possibles, il faut que la toile déborde d’elle-même et vienne à notre rencontre, comme la main de la jeune vierge dans « Saint Georges et le dragon » : « Comment pourrais-je y entrer tant qu’elle ne débordera pas du cadre pour déferler sur moi ? » se demande d’ailleurs Sartre à propos du Tintoret, lequel est à l’initiative de cette déferlante de chair sur le corps du spectateur.
st georges et le dragon lamain