PROCHAIN GES JUIN 2020
Appel a communications Colloque GES juin 2020
Colloque annuel du Groupe d’Études Sartriennes
19 & 20 juin 2020
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Appel à communications
Le Groupe d’Études Sartriennes (GES) lance son appel pour le colloque annuel qui se tiendra
les 19 et 20 juin 2020 à Paris (En Sorbonne, amphithéâtre Milne Edwards, Paris IV, Niveau F).
L’objectif du GES, qui réunit chaque année une soixantaine de spécialistes de Sartre
(universitaires ou non) est de soutenir le développement des perspectives nouvelles sur cette oeuvre
majeure, de permettre aux enseignants et aux chercheurs de présenter leurs travaux en cours et de
promouvoir les études sartriennes à un niveau national et international.
Le GES propose aux enseignants et chercheurs débutants ou confirmés de soumettre une
proposition de communication scientifique originale portant sur la pensée et les écrits de Sartre
(littérature, philosophie, textes politiques), ou dont l’objet (auteur, question) est en relation directe avec
ceux-ci.
Pour l’édition 2020, le GES souhaite encourager deux séries de propositions de communication
portant sur la question de l’esthétique sartrienne d’une part, et sur la trilogie Les Chemins de la
liberté d’autre part.
Pour autant, ces deux thématiques sont bien des propositions et non des contraintes ;
elles laissent ainsi toute latitude aux propositions les plus diverses afin de rendre compte de l’oeuvre de
Sartre dans toutes ses dimensions (roman, théâtre, philosophie, essais sur la littérature, réflexion
politique) ainsi que de la relation entre cette oeuvre et celle d’autres écrivains et philosophes.
1. Esthétique(s) de Sartre
Si Sartre n’a pas produit de théorie esthétique à proprement parler dans un ouvrage unifié, de
très nombreux fragments de son oeuvre témoignent d’un intérêt profond et sans cesse renouvelé pour
les questions esthétiques, au croisement de la littérature et des arts plastiques. On dispose de plusieurs
ouvrages et articles sur la question, parmi lesquels on mentionnera notamment : Michel Sicard, Sartre et
les arts, Obliques nº 24-25 (Nyons, Éditions Borderie, 1981), Heiner Wittman, L’esthétique de Sartre : artistes
et intellectuels (Paris, L’Harmattan, 2003), Sophie Astier-Vezon, Sartre et la peinture. Pour une redéfinition de
l’analogon pictural (Paris, L’Harmattan, 2013). Pour autant, l’esthétique reste un champ encore assez peu
exploré des études sartriennes. La proposition du Colloque vise à combler cette lacune, en posant la
question : une ou plusieurs esthétique(s) chez Sartre ?
« Esthétiques » au pluriel, dans la mesure où l’objet lui-même est pluriel, partagé entre deux
régimes esthétiques : les arts visuels (peinture, sculpture, cinéma, urbanisme) et la littérature, passibles
de deux grilles d’intelligibilité différentes. Les descriptions sartriennes d’oeuvres visuelles prennent place
dans une théorie générale de l’image comme type de conscience intentionnelle. La conclusion de
L’Imaginaire (Paris, Gallimard, 1940) esquisse les linéaments d’une phénoménologie de l’objet esthétique
comme irréel, qui sera mise en oeuvre par la suite sur des figures précises d’artistes, reprises dans les
volumes III, IV et IX des Situations : Tintoret, Giacometti, Calder, Masson, Rebeyrolle, Wols,
Lapoujade. La littérature quant à elle est envisagée et valorisée sous l’angle moral et politique comme
engagement et praxis de dévoilement (Qu’est-ce que ma littérature ?, 1947), au moyen de « mots chargés
comme des pistolets », à rebours de toute attitude de survol.
Un premier axe de ce volet du Colloque consistera alors à se demander s’il existe une unité de
l’esthétique sartrienne. La littérature-praxis telle que l’envisage Sartre dans les années 1940 n’est-elle pas
un refus de l’esthétisation du réel, tombant du même coup en dehors du domaine de l’esthétique,
confiné à l’irréel ? Le modèle sartrien de l’engagement de l’écrivain ne conduit-il pas à dévoyer le champ
de l’esthétique ?
En effet, ni le fait pictural, ni le fait littéraire ne semblent envisagés dans leur autonomie
proprement esthétique, puisqu’ils renvoient à des modes d’intelligibilité plus larges : la conscience
imageante et irréalisante d’une part, la praxis engagée et située d’autre part. Dès lors, l’esthétique
sartrienne ne court-elle pas le risque d’être deux fois dissoute par chacun des deux modèles, l’image et la
praxis ? Ou au contraire, ces deux grilles d’intelligibilité ne sont-elles pas l’occasion d’une reformulation
et d’un enrichissement de la question esthétique, et de son autonomie éventuelle ?
D’où la question également de la place de Sartre au sein du modernisme esthétique : en ouvrant
le fait esthétique sur ses dehors – le monde des images au sens large, le monde socio-historique de la
praxis – Sartre ne tord-il pas le cou à l’exigence princeps du modernisme consacrant l’autonomie du
médium artistique ? À travers cette question, s’ouvre la possibilité d’actualiser l’esthétique sartrienne en
la faisant dialoguer avec des courants postérieurs au modernisme : par exemple, les Visual Studies, à
travers les travaux de W. J. T. Mitchell, ou les réflexions de Fredric Jameson sur le postmodernisme.
Un deuxième axe de réflexion, dans le droit fil du premier, consistera à se demander dans
quelle mesure l’épreuve du marxisme à partir des années 1950 ne vient-elle pas effriter la dichotomie
instaurée par Sartre entre les deux modèles de l’engagement et de l’imaginaire, relançant à nouveaux
frais la question d’une cohérence de l’esthétique sartrienne : dans quelle mesure le matérialisme
historique est-il à même de fournir cette cohérence ? La question est ainsi ouverte de savoir quelle place
occupe l’esthétique de Sartre au sein du « marxisme occidental » qui, depuis Lukács, met l’esthétique au
coeur de ses préoccupations. La discussion entre Sartre et ses interlocuteurs de L’Institut Gramsci qui
suit sa conférence de 1961, « Marxisme et subjectivité », peut notamment constituer un fil conducteur à
cette question (cf. J.-P. Sartre, Qu’est-ce que la subjectivité ?, Paris, Les Prairies Ordinaires, 2013).
Quel rôle l’esthétique sartrienne accorde-t-elle par ailleurs aux « disciplines auxiliaires »
(sociologie, histoire, anthropologie, psychanalyse, etc.) convoquées dans Questions de méthode ? On pourra
se demander ainsi quelles sont les spécificités herméneutiques de la méthode progressive-régressive, dès
lors qu’il s’agit de ressaisir une vie d’écrivain (Flaubert) ou de peintre (Tintoret), aux prises avec leur
époque respective.
Plus précisément, ce deuxième axe de réflexion fera la part belle à L’Idiot de la famille, dans la
mesure où la praxis d’écrivain de Flaubert est ressaisie au prisme de l’imaginaire collectif de toute une
classe, de toute une époque. Dans la mesure également où Sartre propose une redéfinition de l’oeuvre
d’art au sens large comme « centre permanent, réel et reconnu d’irréalisation » (L’Idiot de la famille, t. I.
Paris, Gallimard, 1971, p. 786), Sartre fait ainsi droit à la matérialité pratico-inerte de l’oeuvre en tant que
produit social et marchandise, cette matérialité constituant le support des actes d’irréalisation que le
créateur, comme le spectateur, accomplissent à l’endroit de l’oeuvre. Une telle redéfinition matérialiste
de l’oeuvre constitue-t-elle un fil conducteur pertinent à l’esthétique sartrienne, soucieuse d’éviter le
piège de l’esthétisation du réel ?
2. Les Chemins de la liberté
Soixante-quinze ans après la parution du premier de ses trois volumes, L’Age de raison, le cycle
romanesque des Chemins de la liberté apparaît trop souvent comme le mal-aimé de l’oeuvre littéraire de
Sartre et comme le parent pauvre des études sartriennes, loin derrière l’intérêt suscité par La Nausée ou
encore Les Mots.
Il semble donc pertinent de se pencher de nouveau sur une oeuvre majeure, à la fois pour
s’interroger sur ce statut négatif, afin de le comprendre et de le dépasser, et pour rendre toute sa place à
un projet romanesque d’ampleur, le plus ambitieux de cette oeuvre, et que Sartre avait en tête dès le
début des années trente lorsqu’il échafaudait son programme littéraire : d’abord le « factum » sur la
contingence – ce serait La Nausée, paru en 1938 -, puis les nouvelles – Le Mur, paru en 1939, et enfin ce
que Sartre a toujours désigné comme « le roman ».
S’il est ainsi intéressant d’observer que Les Chemins de la liberté relève de la volonté clairement
affichée de se saisir de toutes les possibilités du genre romanesque en créant une véritable fresque
nourrie de personnages multiples, cette ambition doit être mise en relation avec l’inachèvement du cycle
et, plus encore, le fait qu’il marque la fin de l’écriture romanesque chez Sartre. Il sera donc fécond de
s’interroger non seulement sur la relation entre cette oeuvre et la critique littéraire poursuivie par Sartre
à la même époque, particulièrement sa réflexion sur l’art et les techniques romanesques (les articles
réunis dans Situations I., notamment les textes sur Mauriac, Camus, Faulkner, Dos Passos…) mais
également sur le lien entre les innovations formelles mises en oeuvre dans les trois romans et les
réflexions déjà présentes dans les Conférences du Havre sur le roman données par Sartre durant l’hiver 1932-
1933 et publiées en 2012 par la revue Études sartriennes.
De même, s’agissant d’une oeuvre rédigée durant les années charnières qui voient Sartre écrire
certaines de ses oeuvres les plus marquantes, tous genres confondus (des Carnets de la drôle de guerre à
L’Être et le néant en passant par Huis clos et Les Mouches), il sera possible de reprendre la question maintes
fois posée de la relation, chez Sartre, entre les idées et la fiction, le roman et la philosophie, mais aussi
de considérer l’influence de l’écriture théâtrale sur l’écriture romanesque.
Enfin, parce qu’elle rend compte d’une réflexion nouvelle sur l’Histoire et la dimension
collective de la liberté, parce qu’elle s’écrit – et s’inscrit – durant les années cruciales qui vont de la drôle
de guerre aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale (le troisième volume, Le Sursis, est publié en
1949, peu de temps après l’interruption de l’écriture des Cahiers pour une morale), cette oeuvre occupe, à
l’évidence, une place elle-même centrale, et qu’il importe de mieux définir, dans l’évolution
philosophique, morale et politique de Sartre.
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Les communications, généralement présentées en français, peuvent également l’être en anglais.
Dans ce cas, il sera demandé à l’orateur de fournir, à l’avance, un résumé en français à destination des
auditeurs du colloque.
Les propositions de communication, qui doivent comporter un titre et un résumé en un
paragraphe, sont à faire parvenir aux secrétaires du GES pour le 10 février 2020. Les communications
ne devront pas excéder 30 minutes.
Prière de faire parvenir vos propositions de communication aux deux secrétaires, en les
adressant à l’adresse électronique personnelle de chacun d’eux, et non à l’adresse du GES.
Président du GES :
Michel Contat
(contat.michel@wanadoo.fr)
Secrétariat du GES :
Alexis Chabot (alexis.chabot@orange.fr)
Hervé Oulc’hen (oulchenherve@gmail.com)
Site : http://ges-sartre.fr