COLLOQUE DU GES JUIN 2014
Colloque annuel du Groupe d’Études Sartriennes
20 & 21 juin 2014
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Appel à communications
Le Groupe d’Études
Sartriennes se propose, pour son colloque annuel qui aura lieu les 20 et 21
juin 2014 à la Sorbonne, d’organiser une série de conférences sur les thèmes suivants :
Philosophie : Le
rôle de l’exemple dans la pensée de Sartre
Parmi
les philosophes de langue française de l’époque contemporaine, Sartre est l’un
de ceux qui a su le mieux lier le travail de l’exposition conceptuelle à la
puissance suggestive de l’exemple, au
point que le garçon de café, la coquette et son séducteur, l’indiscret surpris
à épier par le trou de la serrure dans L’être
et le néant, la file des passagers attendant l’autobus, les auditeurs de la
radio, le cantonnier regardé à travers la fenêtre par l’intellectuel
petit-bourgeois ou encore le mythe du Martien dans la Critique constituent des emblèmes de la conceptualité
sartrienne : la mauvaise foi, l’être pour-autrui, le pratico-inerte,
l’extériorité intériorisée des rapports sociaux, le fantasme d’une histoire en
extériorité. Si l’écriture philosophique de Sartre se soumet, par là, à une
exigence proprement phénoménologique — l’ancrage dans le vécu, le retour
descriptif de la conscience sur ses propres structures —, elle constitue, par
là aussi, l’expression du tournant existentiel imprimé à cette phénoménologie —
la double décision philosophique d’envisager ce vécu comme un rapport au monde
et à autrui modalisé plutôt que comme une position d’objet, et de l’explorer à
partir de l’expérience quotidienne de tous plutôt que depuis la neutralité
désincarnée du spectateur transcendantal. Ces remarques, loin d’épuiser le sens
de l’usage de l’exemple chez Sartre, appellent une série de questions.
Quel
statut exact l’exemple occupe-t-il, vraisemblablement placé comme une médiation
entre la singularité d’un vécu préréflexif et la généralité des concepts tirés
d’un geste philosophique réflexif ? Quelle est au fond la nature de
l’exemple : illustration, image, paradigme, cas ? L’exemple est-il
concret ou abstrait ? Quels sont ses effets sur l’exposition
philosophique ? Libération de la description et appel aux puissances de la
fiction sont-elles ici opposées ou complémentaires ? Si Sartre emprunte
nombre d’exemples à l’expérience ordinaire, doit-on considérer que les autres
ressources de son écriture philosophiques (la littérature et les faits
historiques notamment) procèdent de cette même logique ? Que désigne-t-on
exactement sous ce terme d’ « exemple » qui, dans ce contexte, perd
sa connotation normative traditionnelle (le modèle, l’exemplaire) mais demeure
peut-être une forme d’adresse à ce que nous faisons de notre liberté ?
Faisons
l’hypothèse qu’en posant ces questions — et bien d’autres possibles —, nous ne
touchons pas à l’ornement pédagogique d’une pensée, mais bien à la singularité
de la philosophie de Sartre. Explorer la nature et la fonction de l’exemple
pourrait peut-être nous mener au cœur d’une philosophie qui embarque le dehors
de l’expérience dans son discours, qui traverse l’ordinaire pour atteindre à
l’idéalité et qui chemine avec la littérature pour s’assurer une prise sur le
monde et sur notre existence.
Littérature : Sartre,
un théâtre en situation(s)
« Il
n’y a de théâtre que si l’on réalise l’unité de tous les spectateurs »,
affirme Sartre en 1947. Depuis Bariona,
sa « pièce de Noël » écrite et mise en scène à la fin de 1940 dans un
camp de prisonniers jusqu’à cette « pièce-somme » que sont Les Séquestrés d’Altona, créée en
septembre 1959 , Sartre n’a cessé d’écrire pour le théâtre et sur le théâtre, à
la recherche de ce « théâtre de situations » qui représente sous le
regard des spectateurs des libertés confrontées à des situations-limites,
« un caractère en train de se faire, le moment du choix, de la libre
décision qui engage une morale et toute une vie ». Théâtre métaphysique
aussi bien que politique, théâtre classique aussi bien que novateur et depuis
longtemps entré au programme des écoles et des universités, le théâtre de
Sartre demeure la part de son œuvre la plus accessible au grand public et
représente bien souvent la porte d’entrée dans la densité de celle-ci.
Pourquoi jouer Sartre
aujourd’hui ? Si ses pièces sont constamment à l’affiche non seulement sur les
scènes parisiennes mais en Europe et dans le monde, témoignant de sa vitalité
intenamée, de la force de ses caractères, de l’intensité de ses questionnements
pour les spectateurs de ce début de siècle, qu’en est-il exactement de
l’attrait spécifique de ce théâtre si étroitement lié à son époque, comment
expliquer son pouvoir de séduction auprès de ceux qui choisissent de le
représenter aujourd’hui ? Nourri de lectures nouvelles, revivifié par des
interprétations d’une surprenante diversité, le théâtre de Sartre est un
théâtre vivant que des générations de metteurs en scène et de comédiens n’ont
cessé de s’approprier. C’est pourquoi le Groupe d’Etudes Sartriennes souhaite
faire dialoguer universitaires et hommes et femmes de théâtre afin qu’ils
éclairent de leur lecture et de leur pratique du théâtre sartrien la question
que pose chaque soir à nouveau la représentation de chacune de ces pièces : en quoi Sartre dramaturge demeure-t-il
notre contemporain ?
Varia
Les personnes intéressées à présenter une
communication originale sur un sujet ne relevant pas des thématiques choisies
peuvent également envoyer leur proposition.
Les propositions de communication sont à faire
parvenir à l’un des secrétaires du GES pour le 31 janvier 2014. Les
communications ne devront pas excéder 30 mn.
Prière de faire parvenir vos propositions de
communication (titre et résumé en un paragraphe) à l’adresse électronique
personnelle des secrétaires, et non à l’adresse du GES. En cas d’envoi
postal, merci de les adresser à Florence Caeymaex.
Président du GES :
Michel Contat
(Michel.Contat@ens.fr)
Secrétariat du GES :
Alexis Chabot
(alexis.chabot@orange.fr)
Florence
Caeymaex (F.Caeymaex@ulg.ac.be)
7, Pl. du XX
août (A1) 4000 Liège (Belgique)
Site :
http://ges-sartre.fr/